Nous avons, dans la famille, un document sans valeur apparente mais auquel "je tiens comme à la prunelle de mes yeux", dixit mon père.
On l'appelle "Le Livre Noir". C'est un classeur, noir donc (pas de piège), contenant d'anciennes coupures de journaux, des lettres froissées, des photos en noir et blanc... qui retracent son épopée aux Jeux Olympiques de Tokyo en 1964. On parle d'athlétisme et la belle aventure se conclura par une demi-finale sur 200 m et une médaille de bronze sur 4 x 100 m avec Claude Piquemal, Bernard Laidebeur et Jocelyn Delecour. J'aime les histoires qui finissent bien et j'ai envie de partager celle-là.
Marie-Thérèse, sa soeur cadette ("la môme"), avait une quinzaine d'années à l'époque. Elle a compilé ces documents pendant la préparation, les jeux, jusqu'au retour de l'équipe. Elle a classé les télégrammes que son frère envoyait à sa famille depuis Tokyo, les lettres, les invitations qu'il a reçues (de l'Elysée à l'ambassade de France au Japon, en passant par l'Olympique Lyonnais ou encore la non moins prestigieuse mairie de La Côte Saint-André - sa ville natale en Isère)... Le tout découpé avec soin, collé sur des feuilles quadrillées et agrémenté de cartes dessinées à la main. Bref, la Môme a réalisé un travail minutieux à une période où ni les portables ni les retransmissions télévisées en direct n'étaient de mise. On suivait les épreuves à la radio et on retrouvait les photos 2 jours plus tard dans le Miroir des Sports, l'Equipe, le Dauphiné Libéré...
Presque 50 ans plus tard, j'ouvre à nouveau le livre. Avec mes yeux d'adulte, ces souvenirs prennent un tout autre sens et j'ai envie de le raconter, de tenter de revivre de l'intérieur toute cette aventure avec ses combats, ses doutes, ses bonheurs hors normes.
Avant de commencer, une pensée pour Bernard Laidebeur, coéquipier de ce relai, décédé en 1991. Je reviendrai sur lui plus longuement dans un autre post.
Un record du monde ad vitam aeternam
De "Paulot" à cette époque, je sais qu'il était aussi fêtard que tenace. Et Dieu sait s'il était tenace... D'aucun disent qu'avec une hygiène de vie plus saine, il aurait "tout cassé". Ça, on ne le saura jamais. Ce que je peux affirmer c'est qu'il a sans doute vécu là les plus belles heures de sa vie, qu'il les a vécues comme il l'a voulu et si c'était à refaire, je ne suis pas sûre qu'il changerait beaucoup de choses. Peut-être préparerait-il un peu mieux sa reconversion...
En introduction à ma série de posts, un article de présentation paru au moment de sa sélection pour les JO. J'ai hésité entre pas mal de docs pour commencer ma série. Une lettre envoyée à ses parents juste après la médaille ou un article incroyable d'Antoine Blondin ou etc.... Tout cela viendra plus tard, comme cette histoire de record du monde de 4 x 200 m remporté "pour l'éternité" puisque réalisé sur piste en bois et que les pistes en bois n'existent plus... Comme quoi, rentrer dans l'histoire tient parfois à peu de chose ;).
La suite... bientôt.